par Maxime JOLY
PRESENTATION
Le désir de dériver une version route de la Daytona naquit rapidement dans l’esprit de Carlo Chiti. C’était très ambitieux que de proposer une version homologuée d’un prototype si poussé mais ce projet fou vit rapidement le jour. Le premier concept fut présenté au public en 1967 au Sportcar Show de Monza, avant une exposition plus officielle au Salon de Turin. Le prix fut démentiel et atteint presque les 10 millions de lires ! Combiné à une trop grande complexité de frabrication, seuls 18 exemplaires furent construits (dont cinq ayant servi à des études de style) chez Marazzi à Milan, bien loin des 50 exemplaires prévus initialement. De quoi expliquer la cote hallucinante de cette 33 Stradale… Les numéros de châssis allèrent de 750 33 101 au 117, avec pour seule exception le 13ème qui fut baptisé 33. Superstitieux ces italiens… Franco Scaglione modifia un peu le dessin de la Tipo, de façon subtile sans jamais trahir l’idée de départ. L’empattement est allongé de dix centimètres pour gagner en espace à l’intérieur du cockpit, auquel on accède par les portes qui se soulèvent, nous gratifiant au passage d’une cinématique extraordinaire. Les feux avant et la calandre sont modifiés et le dessin arrière est plus arrondi, moins torturé. Incroyablement basse, elle n’atteint pas le mètre de haut, campée sur ces jantes 13 pouces. Un vrai prototype homologué pour la route ! A bien égards, l’inspiration qu’elle fut pour la 8C-Competizione est visible. Elle fut également pour bien d’autres… Bien sûr, pour rappeler la filiation au modèle de course, la tradition veut que le trèfle soit rappelé sur les ailes de l’Alfa Romeo. Impossible de ne pas mentionner le moteur visible de l’extérieur, quelle œuvre d’art… L’intérieur ne fait pas dans l’excès mais a le don pour mettre dans l’ambiance sportive. Plusieurs compteurs sont situés au milieu de l’habitacle dont le compte-tour qui n’hésite pas à atteindre les 10.000 tr/min.
MOTEUR ET CHASSIS
Implanté en position centrale arrière, s’exhibe fièrement sous la bulle de l'Alfa 33 Stradale un véritable moteur de course, comme en témoignent les réservoirs souples en caoutchouc. Peu de changements pour ce V8 à quatre arbres à came en tête en alliage léger, si ce n’est une puissance diminuée revendiquant ici 230 ch à 8800 tours/min tout de même (excusez du peu !!). Le rendement affiché est de 115 ch/l, valeur qui devrait parler aux passionnés. De quoi forcer le respect... Le taux de compression de la version Daytona était de 11.0:1 ; il passe à 10.0:1 sur la Stradale. L’alimentation est à injection mécanique de type Lucas-Spica. Le couple de 187 Nm trahit la faible cylindrée de ce bloc et prouve que l’on a bien affaire à un bloc atmo. Cette valeur de couple est amplement suffisante pour la Stradale dont le poids n’excède pas les 830 kilos en ordre de marche (130 de moins à vide). Comme tout moteur de course qui se respecte, il vous faudra cravacher dans les tours pour tirer la quintessence de ce huit cylindres magique et faire ressortir le dernier des 230 purs sangs présents dans les entrailles de la bête. Pour profiter au mieux du « petit » V8, il fallait une boîte à la hauteur des prestations globales de la supercar. Alfa Romeo n’eut pas à se poser beaucoup de questions et récupéra de façon toute naturelle la boîte à six rapports de la Tipo 33/2. La vitesse maximale est de 260 km/h grâce à l’aérodynamisme particulièrement travaillé, et les 100 km/h ne sont atteints qu’en 5,5 secondes. Ces performances sont bien sûr à replacer dans le contexte de l’époque… Quant à la sonorité, elle est un ravissement pour les oreilles avec ce grognement typique des V8, avant que le timbre ne vire dans les aigus à l’approche de la zone rouge. Le châssis monocoque en treillis tubulaire de la Stradale diffère de la 33/2 avec sa conception tout en aluminium pour maintenir un poids restreint sur la balance. Comme il se doit, le freinage n’a pas été oublié d’où la présence de disques ventilés Girling efficaces mais surtout endurants. Ainsi armée, l’Alfa Romeo 33 dans cette version de route se montre à l’aise partout et apparaît digne de la Daytona. Rien à voir avec d’autres supercars bonnes qu’à remplir les musées et les concessions…