ALFA ROMEO 75 Turbo

par Maxime JOLY

PRESENTATION
C’est le 17 mai 1985 que le projet 162B est présenté, d'après un dessin réalisé au Centro Stile Alfa Romeo sous la direction d'Ermanno Cressoni. Mais il faudra attendre neuf mois supplémentaires pour trouver en concession la déclinaison Turbo. Pour la petite histoire, l'exemplaire que nous vous présentons ici est le premier à avoir été vendu dans la région Ile-de-France. Avant de voir cette 75 Turbo, il faut reconnaître que nous avions quelques a priori sur l’esthétique de cette Alfa. Les nombreux modèles massacrés par le "tuning maison" avaient fini par me dégoûter de sa plastique. Au placard toutes ces idées reçues ! Cet exemplaire propre (pour un daily de 24 ans évidemment) m’a réconcilié avec cette auto pleine de caractère. Malgré son look passe-partout, on remarque qu’elle n’est pas comme les productions de l’époque et qu’elle a ce grain de folie en elle. La ligne est atypique, dans la continuité des dessins carrés de la marque italienne. A l’avant, entre les optiques trapézoïdaux on retrouve la large grille et ses bandes horizontales tandis qu’à l’arrière, un filet réfléchissant fait la liaison entre les feux arrière, eux aussi en forme de trapèzes. Comme sur d’autres modèles historiques (le Coupé Bertone entre autres), l’échappement est central. Bien sûr, le tout donne un design relativement peu sexy mais qui attire la sympathie pour quiconque aime se distinguer. Fin 88, à l’aide des moyens mis par Fiat, devenu propriétaire d'Alfa Romeo, un facelift a lieu. Nouvelle calandre, prises d’air, feux arrière rouges et spoiler de la version 2,0l déclinée sur tous les modèles, voici résumé le programme de résistance de ce remaniement.

HABITACLE
Quel drôle d’intérieur ! Telle est la première chose que j’ai dite à Adrien en m’asseyant dans sa Turbo. Avec son intérieur d’origine si particulier (de plus en plus dur à trouver en bon état) ses boutons lèves-vitres placés au plafond (!), son frein à main tout droit sorti d’un avion et son ordinateur de bord old-school dont tout bon geek raffolerait, ça sent bon les années 80 et l’exotisme à l’italienne. Les adeptes d’un intérieur fonctionnel et habitable, d’une finition soignée et d’une qualité de fabrication au-dessus de la moyenne prendront leurs jambes à leur cou… L’équipement va des vitres électriques (vous l’aurez compris à travers ma remarque sur l’emplacement des boutons) à la fermeture centralisée des portes mais point de direction assistée. Du fait de son emplacement, le réservoir n’empiète pas sur le coffre, gigantesque, mais malheureusement peu pratique pour y stocker des affaires tant son accessibilité n’est pas des plus aisée. Défaut que l’on retrouvera plus tard sur la 156.

MOTEUR
En lisant les données techniques de la voiture et en voyant une puissance de 155 chevaux, certains lecteurs ont dû se demander s’il n’y avait pas de faute de frappe. Imaginez aujourd’hui une berline dotée d’une puissance équivalente, pensez-vous prendre réellement du plaisir à son volant ? Déjà qu’il n’est pas acquis d’en avoir sur une compacte si généreusement fournie… Mais une fois replacé dans le contexte d’une propulsion à l’ancienne – c’est-à-dire dépourvue de toute aide électronique – vous risquerez bien de changer d’avis sur la puissance qu’il faut avoir pour s’amuser. Le temps de 7,5 secondes pour abattre le 0 à 100 km/h est plus qu’honorable. Revenons à nos moutons et à ce 1779 cm3 qui nous intéresse. Moteur longitudinal (de type 06.134) en alliage léger à double arbre à came en tête reçoit un Turbocompresseur Garrett T3 Intercooler dont la principale caractéristique est son temps de réponse. Lorsqu’il se déclenche entre 2500 et 3000 tours/min, ça envoie le pâté si vous me passez l’expression. Ce turbo lag rend ce moteur plus bien pointu à conduire que le linéaire V6, pourtant plus puissant. Le refroidissement des soupapes d’échappement se fait au sodium, radiateur est séparé pour une meilleure lubrification et l’injection électronique est à commande numérique. Pour économiser le carburant, il y a le « cut-off » : l’injection cesse d’alimenter les cylindres en phase de décélération. La consommation moyenne est de l’ordre de 10l/100. La boîte manuelle à cinq rapports manque de précision, la faute à la disposition boîte-embayage-différentiel en bloc unique à l’arrière, garant d’une répartition des masses optimale.

CHASSIS
Je confesse avoir un peu mordu sur ce paragraphe dans le précédent mais il reste encore à dire sur le sujet. Les suspensions avant sont à guidage vertical (des quadrilatères transversaux avec des amortisseurs courts obliques et des barres de torsion à la palce de ressorts hélicoïdaux auquels nous sommes plus habitués. Autant vous dire que la maîtrise du roulis n'est pas le point fort de cette architecture. L’arrière se caractérise quant à lui par la présence du fameux essieu rigide "de Dion" transaxle, vieille connaissance des alfistes. Les suspensions sont fermes, davantage typées sport que confort, mais sans que cela ne rende les longs trajets trop pénibles. Le maintien des sièges est aussi pour beaucoup dans le plaisir pris au volant même si une meilleure position de conduite aurait été appréciable. Privée de toute aide castratrice, il faut gérer le caractère on/off du 4 cylindres turbo et sa puissance qui arrive d’un seul coup sans prévenir. Le fougueux train arrière ne demande pas mieux que de décrocher et de passer devant le train avant, lui-même peu à la fête. Les passages en courbe sont sportifs, ça sous-vire puis survire. Ce caractère joueur apporte son lot de sensations et la transpiration qui va avec. Les frayeurs ne sont pas loin mais l’impression de pilotage non plus…Preuve d’un véritable tempérament sportif, un autobloquant ZF à 25% est généreusement fourni en série. Si sur sec ce phénomène reste largement gérable dans la majorité des circonstances, sur le mouillé il en est tout autrement. La 75 devient une véritable savonnette… à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. Indomptable cette 75 Turbo, tellement que les professionnels du contre-braquage devraient s’en donner à cœur joie ! L’absence de direction assistée (même en option) donne l’impression de conduire un poids lourd et ne favorise pas les trajets urbains. Vous maudirez votre 75 au premier créneau venu…

> Caractéristiques techniques ALFA ROMEO 75 Turbo
Production 1986
Moteur 4 cylindres en ligne
Disposition transversal AV
Alimentation
Cylindrée (cm3)
Alésage x Course (mm)
Taux de compression
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn)
Couple maxi (Nm à tr/mn)
Transmission AR
Boîte de vitesses 5, manuelle
Cx
Freins AV
Freins AR
Pneus AV
Pneus AR
Poids (Kg) 0
Rapport poids/puissance
Consommation moyenne (L/100)
Vitesse maxi (Km/H) 0
0 à 100 Km/H (s)
0 à 200 Km/H (s)
400 m DA (s)
1000 m DA (s)

> Voir les autres versions de ALFA ROMEO 75 dans le guide

> Discuter des ALFA ROMEO 75 sur le forum

 

© Tous droits réservés, reproduction interdite sans l'accord des auteurs - Mentions légales

stage pilotage