ALPINA B10 Biturbo

par Maxime JOLY

DESIGN
Esthétiquement, peu de choses différencient cette Alpina B10 Biturbo des classiques BMW Série 5 e34 . A l'avant, on peut relever un nouveau pare-choc et un spoiler plongeant bas, cachant habilement l'énorme radiateur supplémentaire d'échange air/air nécessité par la présence des deux turbos. A l'arrière, Alpina se contente d'ajouter un becquet de coffre (testé en soufflerie chez BMW), sensé réduire la portance de la voiture à -très- haute vitesse. Sur demande, la voiture pouvait être livrée sans ce becquet, ce qui est le cas sur ce superbe exemplaire bleu que nous a amicalement présenté Christophe, son propriétaire. L'échappement Boysen en inox à double sortie et les jantes en alliage 17 pouces, sont elles aussi spécifiques à Alpina. Nous retrouvons aussi, en option, les classiques bandeaux Alpina sur la carrosserie et le logo Biturbo sur la calandre.

HABITACLE
A l’intérieur, l’acheteur avait la possibilité d’avoir des sièges avant produits par Recaro recouverts soit d’un tissu anthracite Alpina soit d'un cuir de Buffle à toute épreuve; ou bien ceux de BMW. Le tableau se complète d'un volant quatre branches conçu par Momo et les portières égayées d'inserts en noyer ciré. Le système d’air conditionné et lecteur radio/cassette sont standards à la 535i. Preuve que nous ne sommes pas en présence d’une berline comme les autres, le compteur de la B10 Biturbo est gradué jusqu’à 320 km/h. Alpina a très habilement complété l'instrumentation par une console électronique parfaitement intégrée dans l'ensemble d'origine. L'on peut y lire: la température d'huile moteur, la pression d'huile moteur, la pression de suralimentation et la température d'huile de refroidissement. Les 50 derniers exemplaires eurent droit à quelques modifications telles que les nouveaux rétroviseurs dits aérodynamiques, apparus en 1992 sur la M5, le volant gagne , avec l'Airbag, en sécurité ce qu'il perd en élégance, et enfin, le spoiler arrière fait peau neuve.

MOTEUR
De base, la 535i développait 211 chevaux. Pour passer de cette puissance aux 360 ch (soit plus de 100 chevaux du litre !) finalement obtenus dans la B10 Biturbo, Alpina fit un travail en profondeur sur ce bloc puisqu’il est totalement démonté à son arrivée à Buchloe. Les nouveaux pistons forgés Mahle ont pour rôle de réduire la compression à 7.2:1 et les chambres de combustion furent modifiées. Le constructeur allemand employa également de nouvelles soupapes, refroidies au sodium, un nouvel arbre à came et des systèmes d’admission et d’échappement qui lui étaient propres. Au bloc furent greffés deux petits turbos Garrett T25 qui sont dotés d’un clapet intégré et contrôlé électroniquement, procédé plus connu sous le terme de wastegate. Particulièrement utile pour les moteurs turbos, il permet à l’aide d’un volet d’évacuer le trop plein hors de la turbine. Le moteur est alimenté via un large échangeur air-air. Quant au système d’injection, il en a été confié la conception à Bosch. Le choix de s’orienter vers deux petits turbos ne fut pas anodin et eut pour but d’éliminer tout turbo lag, phénomène qui correspond au temps d’inertie du déclenchement du turbo, comme sur la Porsche 959 . Afin de garantir leur longévité, les turbos sont modifiés par Alpina, et sont refroidis par huile ainsi que par un circuit d'eau secondaire, entraîné par une pompe électrique qui se met en marche lors de l'arrêt du moteur. L’ensemble du système d’échappement signé Boysen est fait d’acier inoxydable et comporte pas moins de 6 catalyseurs avec sondes Lambda. Le couple de 520 Nm est plus que ce que la boîte de vitesse de la 535i ne pouvait supporter. A la place, une excellente boîte 5, spécialement développée par Getrag (autorisant des déboîtements courts et rapides) et épaulée par un embrayage Fichtel & Sachs renforcé, transmet la puissance à l’essieu arrière, lequel inclus un différentiel autobloquant limité à 25%. Le couple, déjà colossal à 3000 trs/min, atteint son pic à 4000 tours et reste stable à cette valeur jusqu’à l’approche des 5000 rotations. De plus, le régime maximal passe de 6250 à 7000 trs/min. Les reprises sont impressionnantes et ce quelque soit le rapport enclenché et la poussée semble inépuisable, mais malheureusement tout ceci se fait dans un trop grand silence pour que le plaisir pris derrière le volant soit de la même intensité que l’efficacité de cette Alpina. Tout se fait sans se que l’on ne se rende compte de quoi que ce soit, dans un esprit Grand tourisme typique des Alpina.

CHASSIS
Concevoir un moteur exceptionnel c’est bien, mais pouvoir en tirer parti, c’est encore mieux ! Telle fut la problématique rencontrée par Alpina qui fit les choses en grand pour la solutionner. Des ressorts latéraux sont utilisés, accouplés aux barres anti-roulis et aux montants frontaux Bilstein. A l’arrière, les suspensions Fichtel & Sachs qui limitent le déport à 2° contrôlent également la hauteur de caisse qui est régulée par un ingénieux système de régulation de pression d'huile, au travers de sphères de pression, utilisant le même circuit que les freins et l'embrayage. Cette prouesse technique permet de ne pas subir le contre-coup du poids élevé de la B10 (1695 kilos) et épargne, un peu, par la même occasion les pneumatiques. Les nouvelles jantes alliage 17 pouces offrent plusieurs avantages : un gain de poids et la possibilité de remplacer les habituels disques de frein Girling par des Lucas, à quatre pistons ayant pour dimensions 332x30 mm à l'avant et 300x28 à l'arrière, épaulés par l’ABS offert en série. L’antipatinage ASC qui évite l’instabilité causée par un excès de couple aux roues arrières sur chaussée mouillée peut être entièrement désactivé. Le résultat sur route est que la B10 fait l’effet d’une catapulte collée au bitume grâce à une excellente répartition du poids entre l’avant et l’arrière. Un véritable TGV 1ère classe sur quatre roues, les désagréments causés par les autres passagers en moins. Les sensations sont néanmoins relativement aseptisées, le filtrage sonore étant très bien étudié pour assurer un confort d’une qualité remarquable, malgré une suspension assez ferme. Le choix des pneus s’est ainsi tourné vers Michelin, et plus particulièrement les MXX2. Peu d’automobiles, voire peut-être aucune, ne peut se targuer d’un tel compromis confort/performances. Cette "BMW" décidément très particulière qu'est l'Alpina B10 Biturbo, fait en définitive moins penser à une BMW dans ses manières, qu'à une... Bentley ! Un sentiment de grande sécurité prédomine, toutefois le freinage à grande vitesse, tout en étant efficace, reste en dessous des standards actuels. Pas de miracle non plus sur routes sinueuses où la B10 souffre de son excédent pondéral et ne peut prétendre à des velléités de petite sportive. N’a pas l’agilité de BMW d’antan, telles que les e21 et e30 qui veut...

> Caractéristiques techniques ALPINA B10 Biturbo (type e34)
Production 1989
Moteur 6 cylindres en V
Disposition longitudinal AV
Alimentation
Cylindrée (cm3)
Alésage x Course (mm)
Taux de compression
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn)
Couple maxi (Nm à tr/mn)
Transmission AR
Boîte de vitesses 5, manuelle
Cx
Freins AV
Freins AR
Pneus AV
Pneus AR
Poids (Kg) 0
Rapport poids/puissance
Consommation moyenne (L/100)
Vitesse maxi (Km/H) 0
0 à 100 Km/H (s)
0 à 200 Km/H (s)
400 m DA (s)
1000 m DA (s)

> Voir les autres versions de ALPINA B10 dans le guide

> Discuter des ALPINA B10 sur le forum

 

© Tous droits réservés, reproduction interdite sans l'accord des auteurs - Mentions légales

stage pilotage