LANCIA STRATOS HF

par Maxime JOLY

DESIGN
Le design de la Stratos zéro était trop futuriste pour être exploitable mais les grandes lignes sont tracées. On retrouvera d'ailleurs ce trait acéré de Gandini dans la future Lamborghini Countach, présentée au salon de Genève en mars 1973. Mais c'est bien avant elle, en 1971, toujours à Turin, que la Lancia Stratos HF est présentée sous sa forme quasi définitive. Mais le prototype n'est pas finalisé avec entre autres ses feux arrières factices et toujours le moteur Lancia V4 1,6L. Il faudra donc attendre encore un an et l'exposition de Turin en 1972 pour découvrir cette fois la Stratos avec le V6 2.4L de la Ferrari Dino . La Stratos prend forme mais il reste encore de nombreuses choses à corriger, corrections qui auront lieu au fur et à mesure, en partie pendant les courses elles-mêmes qui débutent au Tour de France auto dès 1972. En septembre 1973 commence la production en série dans l'usine Bertone de Grugliasco à côté de Turin. "Stradale" est le nom donné à la version civile de la Lancia Stratos HF. Peu de différences par rapport à la version course si ce n’est un tableau de bord spécifique pour la Stradale (dérivé d'une Fiat 124 Coupé où on a intégré les 7 cadrans de manos de la Dino). Extérieurement, les quatre phares situés à l’avant disparaissent mais demeurent toujours les feux rétractables, l'avant plongeant et l'empattement très court (2m18) garantissant toujours un certain effet esthétique. Avec sa ligne plate et biseautée, ses ailes élargies, son extraordinaire pare-brise demi-cylindrique flanqué d'un essuie-glace monobras, ses vitres latérales remontant curieusement vers le toit et son arrière trapu, la Stratos présente une silhouette à la fois gracile et brutale. Certains détails trahissent l’exploitation uniquement dédiée à la course tels que l’absence de pare-chocs et de coffre à bagages. La palette de coloris proposés est bien représentative de l'époque avec ses teintes vives : bleu Azzuro, bleu marine, jaune, rouge et vert clair. La Stratos ne fut homologuée que dans quatre pays : la France, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie. A cause de crash-tests trop contraignants, elle ne vit jamais le jour aux Etats-Unis. Ajoutons à cela un confort aux abonnés absents (rien que l'installation à bord entre l'énorme seuil de porte et le pavillon qui culmine à 1m10 du sol mérite un poème...), une polyvalence qui fait défaut et un contexte peu favorable aux sportives, tout ceci fit que les ventes ne décollèrent pas. 1000 Stratos étaient initialement prévues mais 495 modèles furent construits, dont 3 prototypes, laissant à Bertone un stock de châssis non utilisés. En outre, dans le courant de l'année 1974 le nombre d'exemplaires à produire pour l'homologaion en groupe 4 fut ramené à 400 et permis donc à Lancia d'obtenir un peu plus vite que prévu, le 1er octobre 1974, son précieux sésame pour le championnat du monde des rallyes.

MOTEUR
Quel moteur installer dans la Lancia Stratos ? Cette question fut souvent posée et ne trouva sa réponse que très tardivement. Plusieurs hypothèses furent émises dont celui de la Flavia 2000 en version turbo ou bien le V6 de la Fiat 130 mais ces deux là furent vite abandonnées. Pierugo Gobbato voulait le V6 de la Dino 246 GT mais se heurta à un double refus d’Enzo Ferrari. Il décida alors d’aller s’équiper chez l’ennemi héréditaire, Maserati qui est à l’époque sous la tutelle de Citroën. L’affaire était scellée jusqu’à ce qu’Enzo Ferrari l’apprenne et décide finalement de revenir sur sa décision. Le V6 de la Dino développant 192 chevaux et 220 Nm de couple allait trouver sa place en position centrale arrière derrière les deux sièges accouplé à une boite Ferrari 5 rapports en position transversale, dans l'axe du moteur. Hiérarchie oblige, il délivre dans la Lancia Stratos 2 chevaux très symboliques de moins que dans la Ferrari Dino mais 10 de plus que dans la Fiat Dino et surtout, un couple légèrement plus élevé disponible plus bas. Les performances de la version de série n’étaient pas tellement fantastiques avec un 0 à 100 abattu en 7 secondes et une vitesse de pointe atteignant les 230 km/h mais pour l'époque et eu égard à la faible cylindrée, c'est déjà remarquable. Malgré une consommation officielle raisonnable, il fallait compter plutôt aux alentours des 16L/100 km, et ceci en plein choc pétrolier. Pour limiter l’impact de cette consommation élevée, la voiture était équipée de deux réservoirs centraux, pour avoir au total une capacité de 80 litres contre 50 sur les voitures de course. Ces déclinaisons rallyes connurent plusieurs évolutions de puissance que ce soit en 12 ou 24 soupapes. Pour la version 12V, la puissance grimpe à 275 chevaux à 7600 tr/mn et 320 chevaux à 8500 tr/mn pour la 24V. Enfin, la version 12v turbo Silhouette courant en groupe 5 développait quant à elle 560 ch à 9000 tr/mn !

CHASSIS
La châssis tubulaire à structure monocoque en acier de la Lancia Stratos permettait une ouverture symétrique des deux capots, comme sur une Lamborghini Miura, offrant ainsi une vision presque ubuesque mais était surtout très pratique pour les interventions grâce à une bonne accessibilité. A l'avant deux poutres portent les suspensions et les trains roulants et à l'arrière, une cage en tubes rectangulaires sert de support au bloc moteur et à la suspension. De cette manière, la répartition des masses fut étudiée pour aboutir à 46% sur le train avant et 54% sur le train arrière, le tout pour un poids inférieur à une tonne lui permettant une agilité stupéfiante grâce à son empattement très court. Une autre première pour l’époque était la taille des pneus, supérieure à l’arrière pour optimiser la gestion de la puissance donnée aux roues arrière. Ces pneus Michelin XWX sont montés sur des jantes Campagnolo en alliage léger. De plus, sur la Stratos les quatre routes sont indépendantes les unes des autres. Les suspensions avant à triangles superposés et arrière de type McPherson étaient dotées de barres anti-roulis, lequel est effectivement très bien contenu. Côté freinage, la Stratos étonne encore avec une belle efficacité confiée à 4 disques de bon diamètre, à la condition toutefois d'être bien musclé des jambes faute d'assistance ! Etant avant tout une voiture de course, cette auto « brut de décoffrage » n’est évidemment pas à placer entre toutes les mains et demande de bonnes bases en matière de conduite sportive avant de se placer derrière son volant pour espérer en tirer la quintessence. Comme toutes les divas italiennes, elle n'offre donc pas le meilleur d'elle-même au premier venu mais sait se rendre irrésistiblement attachante une fois qu'on y a goûté...

> Caractéristiques techniques LANCIA STRATOS HF
Production 1973
Moteur 6 cylindres en V
Disposition central AR
Alimentation
Cylindrée (cm3)
Alésage x Course (mm)
Taux de compression
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn)
Couple maxi (Nm à tr/mn)
Transmission AR
Boîte de vitesses 5, manuelle
Cx
Freins AV
Freins AR
Pneus AV
Pneus AR
Poids (Kg) 0
Rapport poids/puissance
Consommation moyenne (L/100)
Vitesse maxi (Km/H) 0
0 à 100 Km/H (s)
0 à 200 Km/H (s)
400 m DA (s)
1000 m DA (s)

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