PEUGEOT 308 GTI

par Maxime JOLY

DESIGN
Il faudra être fort au jeu des sept erreurs pour distinguer une 308 GTI du reste de la gamme. Pseudo diffuseur arrière, bouclier avant issu de la 308 CC et complété par un insert aspect carbone noir brillant, becquet arrière, double sortie d’échappement, jantes Lincancabur 18 pouces (héritées elles aussi de la CC), signature GTI et couleurs spécifiques, le compte est bon. Plus GT dans l’âme donc, on oublierait presque que la 308 GT a existé dans un temps pas si lointain. A l’époque où la version 3 portes était encore au catalogue, tout comme le THP 175 récemment retiré du catalogue pour cause de volumes de ventes trop faibles et de normes de pollution. Discrète au premier abord, la Peugeot 308 GTI peut être assimilée à un « sleeper », c’est-à-dire un modèle capable, par ses performances, de surprendre les non initiés mais dont l'apect extérieur se fond très facilement dans notre environnement automobile. Tandis qu'une Golf 6 GTI, rivale toute désignée de la 308, fait la part belle aux rappels de son passé, la 308 tire un trait ferme et définitif sur le look quelque peu tapageur d'une 205 ou d'une 309 GTI. Plus encore que sa meilleure ennemie, la Peugeot choisit donc la voie de la sobriété. Si c’est de l’exclusivité que vous désirez, Peugeot vous invite à vous rabattre sur le coupé RCZ. Et pour une compacte sportive bodybuildé, il reste la concurrence…

HABITACLE
A l’intérieur, même chose, les modifications se comptent sur les doigts d’une main. Surtapis badgés GTI, aluminium sur le repose-pied, le pédalier et le levier de vitesse, volant méplat et sièges sport mi-cuir Payenne, la liste s’arrête là. La qualité de fabrication a fait un immense bond en avant sur la 308 et n’a désormais rien à envier à ce qui se fait chez la concurrence. Quelques options sont présentes au catalogue, à commencer par le pack Vision qui comprend les projecteurs Xénon et le lave-projecteurs. Le toit panoramique en verre est vendu 500 € mais l’option qui vous coûtera le plus cher est le pack Nagivation/Téléphone qui coûte 1810 € auxquels il est possible de rajouter 990 € pour les WIP Nav et Peugeot Connect. Le dernier pack proposé regroupe l’équipement Hi-Fi et les vitres latérales feuilletées pour 750 €. A vous de faire le tri si vous ne voulez pas sortir plus de 30 000 €. L’espace disponible à bord fait de la 308 GTI une vraie familiale. Du fait des 5 portes, les places arrière sont accessibles et agréables pour tous les gabarits et le coffre est bien aidé par la banquette 2/3 1/3 rabattable qui permet un volume de chargement conséquent.

MOTEUR
Nous étions impatients de voir ce que valait le nouveau 1.6 THP 200, EP6CDTX Euro 5 de son petit nom. Peugeot nous le promettait rageur, comme pour mieux faire oublier les versions THP 150 et 175 aux montées en régime déprimantes… Pour gommer ce défaut, la solution a été de combiner le système VTi du 1.6 litres 120 chevaux à l’utilisation de la suralimentation du THP. Concrètement, cela donne une distribution à calage variable (à l’admission et à l’échappement) et la levée variable des soupapes Valvetronic, technologie introduite par Bmw et reprise récemment sur le MultiAir de Fiat . Merci BMW, donc. Ajoutez à cela un turbocompresseur qui se met en route dès 1000 trs/min grâce au « twinscroll » et vous obtenez un temps de réponse réduit. Plus fort encore, les 275 Nm de couple sont disponibles de 1700 à 4500 tours ! Place à la pratique. La mécanique se fait discrète au démarrage et de l’intérieur, le léger claquement caractéristique de l’injection directe est imperceptible. A défaut de rugissement, l'animal en mouvement ne reste pas aphone et renvoie dans l'habitacle une sonorité piquée sur l’admission et amplifiée par un conduit acoustique tout en préservant le niveau sonore sur long parcours. Immédiatement, ce moteur brille par sa souplesse, sa petite cylindrée se faisant même oublier. La disponibilité rapide du couple aide aux relances, plutôt franches, qui permettent de dépasser en toute sécurité. L’envie de titiller la zone rouge me démange depuis un moment malgré une chaussée des plus glissantes. Promis, ça fait pas mal. Une fois le moteur bien chaud, il est donc temps de vérifier si les promesses faites sur la prétendue hargne du nouveau 4 pattes sont bien tenues. Eh bien… Oui et non. J’explique. La perte de rage typique du THP se fait ressentir à l’approche des 5000 tours, comme sur les autres déclinaisons du bloc EP6DT. Sauf qu’une fois ce stade dépassé, il faut admettre que la poussée repart jusqu’à n’en plus finir à l’approche du rupteur situé à 6800 trs/min. Enfin quand je parle de poussée, je suis gentil. On cherchait un coup de pied au derrière et pour être franc, on le cherche encore… La rage aussi. Les nostalgiques des premières 205 GTI 1.6, se consoleront en retrouvant un 1600 cm3 à défaut de profiter d’un caractère moteur similaire. Encore en train de se plaindre et de dire que c’était mieux avant ? Pas tant que ça en fait ! La 308 GTI vaut par sa boîte 6 (mécanique bien entendu) qui met fin à une - vilaine - tradition de boîtes chez Peugeot, connues pour être tout sauf agréables. Finies les accroches exaspérantes, la marche arrière qui passe pas et j’en oublie. Histoire de coller à ma réputation d’éternel insatisfait, un débattement plus court aurait été parfait. Concernant la consommation, ne vous fiez pas aux 9 l/100 de notre essai qui ne sont guère représentatifs de la réalité. Merci aux trajets autoroutiers qui ont fait chuter la moyenne, sans quoi c’était la punition. En conduite dynamique, on est plus proche des 13 litres que des 6.9 annoncés pour le cycle mixte normalisé…

SUR LA ROUTE
A défaut de savoir faire des moteurs d’exception, à Sochaux il en est tout autrement de la conception des châssis, et ce n’est pas être chauvin que de le dire. La réputation de Peugeot en avait d’ailleurs pris un coup avec la 207 RC - encore elle, la pauvre - la faute à un comportement routier indigne de la marque au lion. Les premières impressions laissent perplexes. Les délurées GTI (le mot est faible concernant la 309 GTI16 !) ont laissé place à la bonne vieille HDI des familles, semble-t-il. Ce n’est pas le centimètre grappillé afin de rabaisser le châssis qui change quelque chose à la position de conduite, disons très typée monospace. Non, ce ne sont pas non plus la hauteur de toit et le gabarit imposant de la lionne qui efface cette impression. Il faut dire que notre ancien acheteur de 205 ou 309 GTI, a mûri lui aussi depuis cet âge d'or, et il a certainement une petite famille à transporter désormais. Et pourtant, la nouvelle GTI n’a rien à voir avec les autres 308 et a tout sauf un comportement routier de camionnette. C’est que dans l’histoire, elle récupère les pivots découplés de la 407 sur le train avant, des amortisseurs de section plus large et des jantes 18" chaussées en 225/40 R18. Et ça change tout ! On retrouve ce principe de pivot découplé sur la Megane 3 RS et un autre assez similaire sur la Ford Focus 2 RS. Mais avec 7,7 secondes pour le 0 à 100 et 27,8 secondes pour le 1000m DA, la sportivité de la Peugeot ne saute pas aux yeux directement. Clairement, sur lignes droites vous ne serez pas souverain. Attendez donc le premier virage. Le déficit de puissance y sera compensé, mettant à l’amende bon nombre de voitures au pedigree sensiblement supérieur. Le train avant est époustouflant : on n’a qu’une envie, attaquer et encore attaquer. On ne se rend même plus compte des défauts qu’on trouvait à la française quelques minutes auparavant. Celle au physique ingrat se transforme en Cendrillon, laissant aux oubliettes ses 1400 kg bien tassés. En plus, elle a la permission de minuit. Les petites routes, même enneigées, se transforment en spéciales et le bonheur ressenti au volant est intense. Le tangage occasionné par le manque de maintien l’est un peu moins par contre… Pour ne pas faire de jaloux, l’arrière a aussi envie de participer à la fête avec vous et comme j’ai pour devise de ne jamais refuser une danse, je me laisse entraîner par ses dérives, toujours propres. Et même si vos trajectoires ne le sont pas, l’ESP vous pardonnera vos écarts. Encore que, ce n’est pas obligatoire car si vous voulez vraiment vous amuser, sur circuit de préférence, le bouton ESP OFF existe. Il désactive toutes les aides à la conduite (antipatinage compris). Là encore, peu de concurrentes peuvent en dire autant, surtout pas celles d’un grand groupe allemand… La Peugeot 308 GTI n’oublie pas non plus de freiner court et de manière plutôt intense grâce aux inédits disques ventilés de 340x30 mm à l’avant et de 290x12 mm à l’arrière. A tel point, qu’une tendance au louvoiement est par moments palpable. Le confort reste quand même excellent par rapport aux prestations routières. Peugeot a trouvé la bonne formule pour offrir un compromis amortissement/sportivité imbattable. De loin, le meilleur du segment. La direction est ultra précise, voire presque trop, les déformations de la route n’échappant pas aux mailles du filet. Vu le travail consenti sur l’absence de remontées de couple sur le volant, c'est un moindre mal. Au terme de l'essai dynamique, on en vient immanquablement à regretter qu’il n’y ait pas un moteur plus puissant chez Peugeot pour aller titiller les Mégane RS et autres VW Golf R. Face à une 308 GTI avec 50 ch supplémentaires, elles auraient eu de quoi sérieusement s’inquiéter…

> Caractéristiques techniques PEUGEOT 308 GTI
Production 2010
Moteur 4 cylindres en ligne
Disposition transversal AV
Alimentation
Cylindrée (cm3)
Alésage x Course (mm)
Taux de compression
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn)
Couple maxi (Nm à tr/mn)
Transmission AV
Boîte de vitesses 6, manuelle
Cx
Freins AV
Freins AR
Pneus AV
Pneus AR
Poids (Kg) 0
Rapport poids/puissance
Consommation moyenne (L/100)
Vitesse maxi (Km/H) 0
0 à 100 Km/H (s)
0 à 200 Km/H (s)
400 m DA (s)
1000 m DA (s)

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