par Maxime JOLY
DESIGN
Il n’y a pas de vérité absolue quand on évoque le design d’une voiture. Cela dit, je pense froisser personne en disant que la nouvelle Fabia n’est toujours pas la plus sexy de sa catégorie. Proposée uniquement en cinq portes en France, elle est également construite dans une inédite version Combi pour d'autres marchés. Ce positionnement familial pénalise la ligne de la tchèque mais évite tout cannibalisme au sein du groupe VAG. Pour lui offrir plus de tempérament, le look de la Fabia RS a été retravaillé avec soin. De nouveaux pares-chocs avant et arrière, des feux anti-brouillard intégrés (qu’il est possible de remplacer par des feux à LEDs contre 100 €) et de nouvelles jantes alu "Gigaro" de 17 pouces la distinguent de la version de base. Ajoutez à cela un diffuseur d’air (factice) à l’arrière, des étriers de freins rouges, un becquet sur le hayon, une double sortie d’échappement, des insignes RS sur la calandre et sur le hayon, et vous voilà paré pour squatter les pistes de votre circuit préféré sans avoir peur de passer pour le vilain petit canard qui roule en TDI… Le résultat final reste extrêmement sobre et beaucoup moins démonstratif que certaines de ses concurrentes. La personnalisation est décidément un principe bien à la mode et Skoda le proposait déjà avant qu’il ne soit repris par Citroën. A la façon de la Mini, plusieurs coloris (trois précisément : noir, blanc et argent) sont disponibles pour le toit et les jantes. Il vous faudra débourser 275 € pour colorer le toit dans la teinte de votre choix et 100€ pour peindre en noir ou en blanc les jantes.
HABITACLE
Pour peu que l’on se soit déjà installé dans une Volkswagen récente, on n’est absolument pas dépaysé à bord de la Skoda Fabia. Aucun doute possible sur les éléments qu’elle partage avec sa cousine de Wolfsburg, la Polo. Les amoureux de la marque louent la finition, les mauvaises langues hurlent à l’austérité… Il y a sûrement un juste milieu entre les deux, celui de dire que la qualité de fabrication est au rendez-vous, que les matériaux choisis ne sont pas les plus flatteurs (il faut bien laisser de la marge à la future Audi A1 qui partage elle aussi la même base...) et que oui, la prédominance du noir dans l’habitacle fait assez austère. Si même les pays de l’Est se mettent à la rigueur germanique… Les sièges sport badgés RS offrent un excellent maintien et sont réglables en hauteur. Le volant sport à trois branches (en cuir comme le pommeau de vitesse et le frein à main) et le pédalier alu apportent enfin leur lot (contenu) de sportivité. De série, l’équipement propose le régulateur de vitesse, le radar de stationnement arrière, la climatisation automatique et l’autoradio CD MP3 avec huit hauts-parleurs. En option, le GPS est à 650 €, les sièges peuvent recevoir une housse rouge et un tapis de sol noir à surpiqûres contrastées argent ou or, et pour éclaircir ce sombre intérieur, le toit ouvrant électrique facturé 520 € peut s’avérer être une option intéressante. Deux packs, hiver et téléphonie, respectivement à 320 et 450 €, complètent une liste d'options finalement très restreinte. Le gros plus de la Fabia est sans aucun doute son habitabilité, où même les grands gabarits peuvent loger sans souci aux places arrière. La banquette rabattable en 2/3 1/3 permet d’agrandir de façon conséquente le volume du coffre pourtant déjà généreux à la base. La mauvaise nouvelle est pour Madame, avec la Fabia RS elle n’aura plus d’excuse pour vous priver de votre passion pour les petites sportives au premier enfant venu !
MOTEUR
Pas de motorisation au rabais pour la Skoda Fabia RS puisque c’est le 1.4 TSI apparu en 2006 dans la VW Golf 5 GT qui prend place, ici dans sa version 180 chevaux, en position transversale à l’avant. Récemment élu moteur de l’année à l’International Engine of the Year, ce vaillant « 4 pattes » est du genre petit mais costaud. Il faut dire que VW n’a pas lésiné sur la technologie pour obtenir un downsizing réussi. Il combine à la fois l’injection directe et la double suralimentation avec turbocompresseur et clapet de dérivation plus un compresseur mécanique enclenchable. Cela permet d’avoir du couple bas dans les tours tout en conservant un caractère relativement rageur. Le couple s’élève à 250 Nm, constant de 2000 à 4500 tr/mn. Les reprises sont franches et il faut compter 7,6 secondes pour atteindre les 100 km/h. Avec autant de couple et une puissance plus que respectable, les chronos déçoivent un peu pour une petite sportive mais avec près de 1300 kilos à vide sur la balance, difficile d'espérer mieux. La petite Skoda pousse fort et on atteint rapidement un rythme de croisière inavouable (226 km/h de vitesse maxi), sans que l’on ne se rende compte de rien. L’impasse est faite sur les sensations… La mode chez VAG est le retour aux blocs fonte. Après le 2.0 TSI origine Audi de 210 chevaux qui équipe, entre autres, la Golf 6 GTI , c’est au tour du 1390 cm³ d’évoluer en ce sens. Autre point commun entre ces deux moteurs, les deux arbres à cames en tête sont entraînés par une chaîne. Une bonne nouvelle quand on pense au coût d’entretien que peut représenter le changement d’une courroie de distribution. Ce qui l’est moins est l’absence de choix entre une transmission manuelle et la boîte DSG. Quelle que soit la marque (Skoda, Seat ou VW), le 1.4 TSI 180 est exclusivement accouplé à la boîte double embrayage DSG 7 rapports. De quoi alourdir (inutilement ?) la note de 1500 €. A condition de débourser les 160 € demandés, il est possible de récupérer les palettes au volant. Dommage qu’elles soient toujours si petites, malgré les nombreuses réprimandes reçues par le groupe allemand à ce sujet. Reproches qui concernent aussi la DSG qui fait subir au conducteur des changements de rapport non désirés, même en mode Sport. Le plaisir de conduite en prend fatalement un coup. Le travail consenti sur l’insonorisation masque la sonorité du vaillant 1.4l qui dans le domaine, n’a rien à envier à la majorité des autres quatre cylindres concurrents. Pour les bonnes nouvelles, le moindre malus écologique est évité et la consommation officielle annoncée est de 5,2L sur route ! L’adjectif "officielle" a son importance puisqu’elle nous semble irréalisable mais le faible appétit de la Skoda Fabia RS 1.4 TSI est toutefois réel et offre la garantie de ne pas plomber son budget à la station service du coin, sans avoir à passer du côté obscur. Par contre, en « mode attaque », la consommation peut rapidement s’envoler…
SUR LA ROUTE
Avant de l’emmener se dégourdir les roues sur le superbe circuit de Spa, nous avons pu découvrir la Fabia RS sur les routes belges. Car ce sera bien là son principal « terrain de jeux », de l’aveu même de Skoda. De série, elle dispose du châssis sport (rabaissé de 15 mm) et des habituelles aides à la conduite telles que l’ABS, l’ASR, l’ESP. Par rapport aux Skoda Fabia classiques, le diamètre des barres stabilisatrices passe également de 18 à 19 mm sur la RS. Dans l'attirail électronique, nous retrouvons le XDS que nous commençons à bien connaître puisqu’il équipe désormais la majorité des tractions puissantes du groupe VAG. Imitant vaguement un autobloquant mécanique, ce subterfuge électronique réduit le sous-virage en freinant la roue intérieure en cas de perte de motricité de celle-ci. En permanence accouplé à l’ESP, l’efficacité en sortie de courbe y gagne, la longévité des freins sans doute un peu moins. On comprend mieux pourquoi le correcteur de trajectoire n’est jamais totalement déconnectable… Si l’efficacité est au rendez-vous, le plaisir de conduite est quelque peu laissé de côté et l’ego du conducteur n’est pas épargné de ne pas pouvoir s’exprimer totalement. On peut aussi lui imputer quelques remontées de couple désagréables lors des accélérations un peu trop nerveuses. Dans les griefs, on relèvera aussi une direction manquant de feeling (comme sur bon nombre de modèles équipés d'assistance électrique) et une tendance au louvoiement en phase de freinage appuyé. Ce dernier point est un peu troublant, bien que jamais vraiment inquiétant. Même si au niveau du confort, on est loin d’une limousine, il n’en demeure pas moins acceptable malgré un réseau routier belge pas des mieux entretenu… Le compromis sportivité/confort choisi par les techniciens de Skoda nous a semblé être le bon pour ne pas avoir l’impression d’avoir une tchèque en bois. En vraie petite GTI polyvalente, la Fabia 2 RS n'oublie donc pas sa fonction de "déplaçoir". Mais pour les plus téméraires et affûtés des conducteurs, il nous a été donné d'en mesurer le potentiel sportif sur circuit, et quel circuit !